En art interactif, quels sont les rôles possibles d'internet dans ces installations ou performances ?
Nous considérons qu'une œuvre appartient aux arts technologiques quand dans son processus de création un outil numérique est utilisé, même s'il n'est pas présent dans le résultat final ou pas perceptible par le spectateur.
Internet est lié à un ensemble d'outils, chacun pouvant intervenir dans une création artistique.
Sonosphère
Objets interactifs sonores lumineux. Le paramétrage des couleurs, des sons et des volumes, donc ce qui détermine le rendu de l'interaction, se fait par réseau via téléphone ou tablettes.
Techniquement, chaque objet contient un mini ordinateur Raspberry Pi, dont le rôle est de gérer les capteurs, de piloter les changements de couleur de la lumière et de gérer les sons. Les Raspberry comportent un serveur, avec un petit site web. Les réglages s'affichent sur une tablette en se connectant sur ce site, et il est possible de charger de nouveaux sons, de régler les couleurs de lumière ou l'intensité de la soufflerie. Les capteurs (piézoélectrique, capacitifs, selon les objets) sont directement gérés par un code Processing dans les Raspberries.
“CloudStream/Bellwethers” (2001)
Know Nothing Network Music (2014)
Il utilise pour sa musique des instruments électroacoustiques, de la programmation interactive et des réseaux d'ordinateurs. Ses compositions sont conçues pour des performances dans lesquelles les participants font vivre les structures musicales enfouies dans les machines.
Le silophone est un instrument de musique en réseau.
Silophone est une intervention à long terme à l’intérieur du Silo no 5, un silo à grain abandonné situé dans le port de Montréal.
[The User] , un collectif d'artistes, a transformé le Silo no5 en instrument de musique en installant microphones et haut-parleurs dans quatre des compartiments à grain du bâtiment.
L’espace acoustique est mis à disposition via
Le son est envoyé par réseau dans les haut-parleurs du silo, transfiguré par l'acoustique du lieu, capté par des micros et renvoyé vers le lieu du concert, amplifié et déformé.
Mesures de divers phénomènes
A partir du moment où l'environnement de programmation temps réel Max s'est pourvu d'un objet permettant de recevoir les cours de la bourse facilement, ce type de données a été exploité en art.
DataScapR - Samuel Van Ransbeeck utilisant yahoo finances, 2017
L'installation combine des corps physiques, l'espace public et son architecture, le son et la musique, le capitalisme et l'économie.
C'est une installation interactive sonore pilotée par les cours de la bourse en temps réel. L'interactivité avec les spectateurs est possible de deux façons : par captation de leurs gestes et position, et par le fait qu'ils peuvent communiquer avec l'installation via téléphone pour choisir les entreprises influentes.
Aleastock montre l'impact des lois de l'économie, elle sonifie l'état instantané de l'économie mondiale. Elle est mise en forme par les flux mondiaux des capitaux.
Il peut s'agir :
Il existe des librairies pour divers environnements de programmation (Processing en particulier, environnement pour artistes) pour recevoir les données météorologiques, en passant par des requêtes adressées à la base de données de sites dédiés.
Il existe des sites de streaming audio créés par des artistes, tel que http://locusonus.org qui rend accessible la diffusion de paysages sonores captés par des dizaines de micros dans le monde entier. Les micros sont installés et entretenus par des volontaires.
Formule
Distillation des sons : Une maquette transparente, sorte de raffinerie miniature, est composée de verreries de chimie. Des sonorités aléatoires et un streaming* diffusant des sons de flux urbains se relaient à l'intérieur via des systèmes d'émission et de captation sonores afin de créer une circulation. Leur passage à travers les différents modules en verre filtre lentement le son et le remodèle.
Diverses émissions stellaires qui peuvent s'observer depuis la Terre.
Exemple : rayons cosmiques = flots de particules arrivant de l’espace : protons, particules alpha, quelques électrons.
Exemple déjà montré - THIS IS MAJOR TOM TO GROUND CONTROL 2012
Cette installation fait écho à tous les textes d'exploration spatiale et de premier contact. Le rapport au langage et à la traduction est par exemple très fort dans Story of your Life de Ted Chiang, adapté en film dans Arrival de Denis Villeneuve (2016).
=> Dans cette installation, tout comme dans Formule de Cécile Beau, internet est un outil utilisé pour récupérer des flux d'informations. Ces flux nourrissent les œuvres en permanence, comme des capteurs d'environnement.
Les sites d'informations diffusent massivement et reprennent plus ou moins automatiquement des dépêches d'annonces.
Fascinum (2001)
Hack Yahoo, devenu hack Google en 2004.
Installation internet qui montre au public les images des news les plus vues, d'après un classement de 1 à 10.
Les visiteurs surfent sur le sommet de la vague de l'infotainment (entertainment par l'information).
L'artiste décrit cette installation comme une vision panoptique des sujets de fascination de l'humanité.
Cette vision simultanée des centres d'intérêt des gens, en temps réel, est un écho de l'idée du Panopticon, un type de prison conçue par le philosophe Jeremy Bentham à la fin du 18e siècle.
L'architecture du panopticon est conçue pour qu'un surveillant central observe tous les prisonniers à tout moment, sans que les prisonniers sachent s'ils sont réellement surveillés ou pas. Le sentiment d'une omniscience invisible est comparable à la tendance menée par des structures telles que Google, qui devient un modèle de notre société actuelle.
Une différence entre Fascinum et le Panopticon est que dans l'installation le spectateur c'est-à-dire le surveillant du monde, est aussi l'observateur de ses propres sujets de fascination, à la fois victime et complice d'un snuff movie global.
Christophe Bruno travaille donc sur la dichotomie entre contrôle et spectacle, ce qui est un sujet de réflexion fondamental sur le rôle des communications internet, et plus récemment sur celui des réseaux sociaux.
Des œuvres qui utilisent des éléments spécifiques d'internet pour interagir avec des spectateurs.
Ces œuvres ont une forme physique, installation ou performance.
Nous pouvons distinguer
Le spectateur est un internaute, derrière un ordinateur, une tablette ou une appli smartphone.
Il se connecte volontairement sur un site spécifique de l'œuvre concernée.
Sa participation se répercute dans la réalité et soit lui-même soit d'autres personnes observent la réaction du dispositif.
Sur une projection urbaine, un nuage de mots se forme en fonction d'envois de sms ou de twitts, en réponse à la question : "Et vous le futur vous le voulez comment?".
Des visiteurs le voient évoluer et peuvent participer.
Mais il n'est pas nécessaire d'être sur place : le nuage change de façon automatique et dynamique, au fur et à mesure des envois de sms ou de twitts.
Cette installation part du principe que l’être humain est en relation avec son espace vécu :
elle veut, selon Isabelle Bonté, « interroger l’espace social, au travers de protocoles esthétiques producteurs de savoirs et d'expériences, inducteurs de transdisciplinarités, créateurs de nouveaux repères, d'autres partages du sensible, d'autres visibilités et régimes de vérité.
C’est dans et avec le monde que l’on crée : toujours… »
Travail sur le corps et ses possibilités d'extensions.
Body art et greffes organiques ou cybernétiques.
Ping body est une performance interactive dans laquelle le public consitué par des internautes pilote ses mouvements en activant des stimulateurs musculaires collés sur son corps.
En fait 2 types d'interactivité :
L'interface prend la forme d'un site web.
Les spectateurs et interacteurs de la performance sont connectés à distance et peuvent voir le corps de l'artiste et le mouvoir via internet.
=> interagir avec un système d'actionneurs, des stimulateurs musculaires, posés sur le corps de l'artiste.
=> choisir quel membre actionner en envoyant un ping. Le ping, donc la durée de transmission entre 0 et 2 secondes, se transforme en signal électrique, de 0 à 60V, ce qui provoque des mouvements involontaires du corps de Stelarc.
Théâtre de marionnettes avec un être humain.
Plus étrange, alors que son corps est contrôlé par internet, l'artiste conserve la maîtrise de son troisième bras robotique. Il communique de son corps vers une machine qu'il contrôle. Il y a plusieurs niveaux de contrôle et d'asservissements dans cette performance.
Le système nerveux est remplacé par les flux de données dans le réseau.
=> Le pilotage à distance des muscles par les internautes fait intervenir des processus comportementaux aussi étudiés en sociologie : voyeurisme, sensation de pouvoir, pouvoir de la distance et de l'anonymat, déshumanisation du sujet contrôlé, rapport à la douleur.
D'autre part, le corps est aussi soumis à des stimulations constantes mais involontaires provenant de l'activité même du web : par exemple les pings aléatoires des webcrawlers. Le corps devient le terrain d'exploration du réseau au lieu d'être celui qui surfe sur le web. Stelarc démontre la physicalité des connexions aux réseaux. Il donne requêtes une forme viscérale.
Cette performance met en évidence des notions complémentaires d'incarnation et de désincarnation des réseaux. Les internautes humains en arrivent à déshumaniser son corps et à le contrôler comme une machine. Le réseau en revanche trouve une forme physique et organique dans ce corps en réaction.
-> SF : cf cyberpunk
Telegarden
Installation interactive qui permet à des internautes de voir et d'interagir avec un vrai jardin à distance. La santé et même la survie du jardin dépendent d'un réseau collectif mondial.
Téléprésence = possibilité d'agir à distance via un réseau internet, en général piloter des robots.
Bras robot industriel = actionneur tournant autour d'un axe et articulé afin d'atteindre tous les points d'un disque dans son rayon de portée.
Outil de précision, puissant, rapide, néanmoins délicat.
=> planter des graines avec l'un des outils du bras robot
=> arroser leur plante ou celle de quelqu'un d'autre
=> suivre la croissance et l'évolution des plantes du jardin via le site internet
-> thématique écologique,
-> étude concrète sur les comportements des internautes
Contrairement à une crainte des exposants, les participants se sont beaucoup préoccupé de la santé du jardin. Un sens des responsabilités apparaît lorsqu'un être vivant réel dépend de nous, un aspect communautaire d'entraide. C'est d'ailleurs l'inverse des réactions face à Ping Body : les participants ont tendance à déshumaniser les humains et à prendre soin des plantes.
Randall Packer, San Jose Museum of Art :
The Telegarden creates a physical garden as an environment
to stage social interaction and community in virtual space.
The Telegarden is a metaphor for the care and feeding of the delicate social ecology of the net.
Peter Lunenfeld, Flash Art :
In linking their garden to the World Wide Web
and creating an intuitive interface for the control of the arm and camera,
the artists transformed what most would consider a fit of over-engineering
into a subtle rumination on the nature of the Commons.
1995-1998
Installation télévirtuelle qui établit un lien entre Montréal et Paris.
Il permet à des centaines de gens des deux côtés de l'océan de se rencontrer. L'œuvre est installée simultanément dans les deux villes lorsqu'elle est exposée.
=> Tube de 2 mètres de diamètre, qui évoque une entrée dans le sol
Un visiteur de chaque côté de l'installation creuse virtuellement le tunnel pour tenter de rencontrer l'autre.
L'exploration progressive par les visiteurs révèle des fragments d'images soit connues soit rares et participe à réveiller la mémoire collective des participants.
Le chemin qui relie ces deux points est une matière symbolique culturelle tridimensionnelle. Les strates d'images et d'iconographies remplacent les strates de roches.
Pendant qu'ils creusent, les visiteurs peuvent parler à la personne de l'autre côté ou la voir (filmée par une caméra). Les sons des voix, ainsi qu'une composition musicale interactive, les aident à s'orienter dans l'espace et à se rencontrer à travers les continents.
Les paysages symboliques traversés dépendent à la fois d'une prédétermination dans le programme et du hasard dans le choix des directions par les visiteurs. Chacun portant un intérêt différent aux images qu'il croise, cette différence modifie les images qui apparaîtront ensuite. Le comportement des visiteurs construit l'apparence du tunnel.
Borders et Colors Tunnels en 2016
A ce moment de l'histoire les communications en réseau ont totalement changé au quotidien pour énormément de gens. La situation est très différente de 1995.
Quand les communications créent et utilisent un tissage de connexions
et quand les gens ressentent qu'ils appartiennent
à quelque chose de plus gros que le village global,
quelque chose qui serait plus proche d'un corps global,
nous découvrons les réels obstacles et les barrières qui séparent le genre humain.
En 2016, internet est le moyen le plus courant, le plus établi, d'échanger des informations. La communication et les connexions semblent facilitées. Mais notre compréhension des autres cultures a-t-elle augmenté ? Existe-t-il même un ensemble commun universel de données et de connaissances ? Les installations Borders et Colors nous rappellent ce que signifie la distance entre les gens quand elle est plus que géographique.
C'est une tentative de créer un espace de rencontres sociales, culturelles et politique pour ouvrir des dialogues.
Elles nous rappellent aussi que les tunnels ne sont pas des raccourcis, que le dialogue, la compréhension, la rencontre des autres demande des efforts et de l'application, de la concentration, de la patience et surtout demande aussi d'arriver à faire le tri entre des flots constants, énormes et complexes d'informations. Nous redécouvrons la signification de la notion de distance et le potentiel du dialogue.
-> SF cf utopies de la communication totale : l'artiste a bien compris qu'avoir accès à une quantité gigantesque d'informations ne signifiait pas que les conflits diminuaient. Au contraire, établir une vraie communication et commencer à comprendre l'autre requiert une démarche beaucoup plus laborieuse, encouragée néanmoins par la possibilité de découvrir l'histoire et la culture si on se donne la peine de creuser.
Eduardo Kac est très connu dans le domaine du bio art. Une grande partie de ses travaux fait intervenir des êtres vivants, bactéries, plantes ou animaux, parfois génétiquement modifiés.
Essay
Installation en réseau bidirectionnelle, interespèce, activement interactive bien que ne nécessitant pas d'être humain.
Un canari vivant à Lexington (Kentucky) dialogue par téléphone avec une plante, un philodendron situé à 1000 km, à New York.
=> Canari : cage + micro + haut-parleur + téléphone.
=> Plante : électrode sur une feuille de la plante + mesure des microvolts.
L'électrode détecte des variations en réponse au chant de l'oiseau.
=> Mesures analysées par Interactive Brain-Wave Analyzer (IBVA) originellement conçu pour analyser l'activité mentale humaine.
Un programme créé pour détecter l'activité mentale humaine permet d'explorer l'activité vitale d'un organisme dépourvu de conscience.
=> Analyse envoyée dans Max pour contrôler rythme et ordre des notes dans une composition musicale.
En permettant à un oiseau isolé et en cage d'avoir une conversation à distance avec un membre d'une autre espèce, cette installation met en scène le rôle des télécommunications dans la vie humaine.
Observer une communication interespèce nous renvoie à notre propre besoin d'interaction, notre désir d'ouverture et de relation durable.
Solitude, isolation, questionne la notion même de communication, notre compréhension de ce qu'est un dialogue.
https://www.ekac.org/teleporting.html
installation interactive, internet en tant que système de maintien en vie d'un organisme.
Plante dans l'obscurité
Téléportation de la lumière
croissance de la plante
sens de communauté et de responsabilité collective
action collaborative
https://www.ekac.org/genesis.html
Dernier exemple du travail d'Eduardo Kac, Genesis est une pièce complexe qui entremêle biologie, bactéries transgéniques, technologies de l'information, systèmes de croyance éthique, interactivité et internet.
gène de l'artiste = phrase de la génèse en code Morse puis en séquence d'ADN.
"Let man have dominion over the fish of the sea,
and over the fowl of the air,
and over every living thing that moves upon the earth."
Bactéries
Lampe UV = mutagène
La capacité à changer le texte est un geste symbolique
Fluorescence bleue ou jaune
pierre de Rosette = comprendre le passé
triple système de Génésis = comprendre le futur
les processus biologiques sont maintenant programmables.
les frontières entre les formes de vie à base de carbone et les données informatiques deviennent fragiles
1974 : art sociologique
1983 : Esthétique de la communication.
http://webnetmuseum.org, un musée en ligne.
www.fredforest.org
Démarche critique (et humoristique) vis-à-vis de la communication, des idéologies, des institutions, du marché de l'art et de l'art.
1975 « J'EXPOSE MADAME SOLEIL, EN CHAIR ET EN OS »
« C'est un fait avéré que la technologie transforme à long terme
les idées, les conduites, et conditionne notre avenir.
Il faut bien admettre que ce monde vers lequel nous sommes poussés
n'est plus ce monde linéaire, ce monde de surface,
ce monde des apparences, ce monde des objets finis,
que l'art sous des styles et des modèles variés s'est appliqué durant des siècles à représenter. »
« La fin du linéaire dans la pensée consacre aussi sans doute la fin du narratif dans l'art.
Sans transition nous basculons du domaine de la "représentation" dans celui de la "présentation".
Nous passons du mode de l"apparence" à celui de l"apparition".
Notre vision classique de l'art s'en trouve à coup sûr définitivement modifiée. »
À propos de l'interactivité :
« Dans les dispositifs interactifs proposés par les artistes, l'architecture des installations
peut présenter une très grande variété de formes et d'outils, souvent hybridés entre-eux.
Certains se contentent d'un appareillage technique tel qu'on le trouve désormais
d'une façon prosaïque au quotidien dans notre environnement.
D'autres recourent à des matériels informatiques professionnels détournés de l'industrie
ou des laboratoires de recherche.
Dans tous les cas, "l'essence" de l'œuvre réside de façon manifeste
non pas dans la technologie "exposée",
ni dans sa fonctionnalité mise en scéne, mais essentiellement dans l'implication dynamique
qu'elle induit et suscite dans sa relation aux publics.
La technologie en elle-même ne constitue jamais en l'occurrence la "création",
elle n'en est que le modeste outil.
Aussi la typologie la plus intéressante concernant les œuvres interactives se situe-t-elle sans doute,
selon l'interactivité proposée, dans le type d'interface imaginé par l'artiste. »
« L'interactivité n'est pas seulement une commodité technique et fonctionnelle,
elle implique physiquement, psychologiquement, sensiblement,
le spectateur dans une pratique de transformation.
A part les auteurs de science-fiction, personne n'imaginait
que la relation entre l'homme et les machines deviendrait un jour si étroite,
l'impliquant dans des manipulations aussi sophistiquées. »
second life et flux financiers boursiers.
installation et performance, présentée à la fois
critique des banques et des lois du marché
http://www.flux-et-reflux.org/
prolongement d'une création réalisée au Centre d'art le LAIT d'Albi en 2011.
installation interactive.
caverne de Platon et ses ombres
questionnement critique du fonctionnement des medias
installation physique = vieilles pierres + ombres projetées,
réflexion critique et idéologique des images engendrées par notre société médiatique.
400 vidéos, captées sur Internet
partager son avis critique
Autour de cette diffusion, ...
« Les ombres mises en mémoire lors de la première installation physique
apparaissent en filigrane sur les parois,
tandis que l'exploration de cet espace permet également de découvrir le goutte à goutte
d'une source qui suinte sur les écrans.
Un goutte à goutte qui rythme régulièrement et lentement le temps,
comme antidote au chaos et à la fureur des images qui nous assaillent dans la vie quotidienne.
Mais après un bref instant de répit, un molosse surgit de façon récurrente et incontrôlée.
Nous soumettant, métaphoriquement, à la frénésie et violence du media,
dans un maelström où s'entrechoquent et se confondent :
la politique, le divertissement ou le terrorisme. »
L'individu-citoyen submergé par ce flot d'images qui mêlent fiction et réalité,
publicité et informations, politique et divertissement,
n'a aucun recours pour pouvoir échapper à leurs agressions permanentes.
Ne dispose plus d'aucun moyen pour s'y reconnaître...
Sinon, prendre un pas de recul pour un commentaire critique, partagé par tous.
Ce que propose en fait ce site : c'est de redonner la parole au citoyen,
c'est-à-dire à l'individu,
au moment où c'est une certaine inflation idéologique du collectif qui prime.
Ces projets utilisent comme média des écrits ou des images créés par des utilisateurs. Ce peuvent être des commentaires, des participations à des réseaux sociaux, des upload d'images...
Sans eux il n'y aurait rien à afficher ou entendre. Mais ces posts n'ont pas été faits dans le but d'apparaître dans un projet artistique.
Installation sonore connectée et interactive
http://chatonsky.net/liberation/
https://www.levidepoches.fr/creation/2011/04/au-festival-exit-de-cr%C3%A9teil-un-grand-monolithe-noir-retransmet-un-concert-infini-celui-de-vos-r%C3%A9acti.html
monolithe noir,
concert infini,
commentaires des articles de Libération, lus par une voix de synthèse
Les commentaires sont transformés en un monologue incohérent, anarchique.
monolithe = haut-parleur
afficheurs rouges en arrière-plan = mots aléatoires
musique générée en temps réel.
L'installation est interactive :
Décontextualisation :
objet de partage ?
Ces réactions décontextualisées deviennent une simple rhétorique :
«Quel que soit le sujet abordé, c’est toujours la même langue, les mêmes figures de style, la même tonalité, celle d’une relation paranoïaque au monde, estime l’artiste Grégory Chatonsky.
retweeter ses messages chaque jour à la même heure.
« Twitter produit normalement un flux continu d’informations amnésiques
et est constitutif de notre présent. Ici le contenu des jours s’accumulent,
plus rien ne s’oublie, le système est saturé de mémoire et se comporte
tel un personnage de Borges : l’avenir est engorgé par le présent. »
Rapport à la mémoire, aux flux de messages, au dérisoire, à l'insconscience.
https://chatonsky.net/memories-center/
base de données de 20 000 rêves par Adam Schneider et G. William Domhoff,
images sur Internet correspondant à des mots-clés.
rack de serveur + lumières + disque dur
« Il n’y a jamais d’expérience directe du rêve, il n’en reste que le récit.
Le rêve n’est pas.
S’il n’y a de rêve que de mémoire, c’est que l’origine du récit reste incertaine.
En narrant un rêve, on espère peut être y découvrir son propre mystère,
quelque signification cachée dans les inconsistances et les incohérences,
dans les lacunes et les détours. »
apprentissage et mémorisation.
tout enregistrer, que ce soit important ou pas.
« L’enregistrement de nos mémoires,
aussi peu exhaustives, imparfaites, simplificatrices soient-elles,
ne transforme-t-il pas d’avance notre expérience
en un sentiment proche de celui du récit du rêve ?
Lorsqu’un ordinateur nous rappelle de réaliser telle ou telle tâche, lorsqu’il nous permet
de nous souvenir par des textes, des photos, une expérience que nous avions oubliés,
ne joue-t-il pas alors un rôle analogue au décrochage entre le sommeil et la veille ? »
magination intuition et compréhension
machine capable de projeter les rêves + laboratoires de neurologie
archives gigantesques
« Le procédé conçu par Chatonsky et Sirois est inspiré de l’exubérance des archives
et met en valeur leur statut de source, à l’origine d’une bonne part de la création post-photographique.
Mais surtout, au-delà des incidences iconographiques
sur la nature de la pensée visuelle et l’avenir des images,
ce projet explore des zones à haut risque sur les plans humain et démocratique.
En effet, il anticipe certains cauchemars dystopiques récurrents,
où un pouvoir centralisé prend le contrôle des esprits.
L’expérience aura peut-être des effets prophylactiques sur le plan visuel… »